Breughel, Van Eyck, Ruysdaël, Poussin, Courbet ...

Breughel, Van Eyck, Ruysdaël, Poussin, Le Lorrain, Courbet sont quelques-uns des peintres qui inspirent l’œuvre de Louise Bossut. La peinture ancienne, dans ses sujets mais aussi dans ses compositions, lumières, esthétique, est pour elle une source inépuisable et nourrit son regard.

Mais point de nostalgie chez elle, c’est plutôt une affaire de situation. Elle se pose en tant que peintre dans une histoire de l’art longue, en y apportant sa pierre avec un médium d’aujourd’hui, la photographie. Si elle utilise la chambre technique, c’est pour la qualité du piqué, son velouté, sa précision et aussi pour la lenteur du procédé qui exige réflexion et maturation comme la peinture.

Les dimensions des tirages sont également ceux de la peinture, adoptés par les différents genres : oblongs et de grandes tailles pour les paysages, verticales et intimistes pour les portraits, des petits formats carrés ou rectangulaires pour les natures-mortes.

Même si son œuvre est nourrie de l’art des musées, ce que l’artiste montre avec un regard sans complaisance, c’est ce terrible monde d’aujourd’hui.

Ainsi, quand elle photographie un paysage des Monts d’Arrée en centre Bretagne, une lecture attentive laisse découvrir au fond de l’image une centrale nucléaire qui surprend dans ce paysage préservé. Avec simplicité et élégance, elle remet en question l’idée d’une nature indemne qui est bien au contraire en danger. Dans des œuvres où elle montre des sites aussi beaux que ceux de l’île d’Ouessant ou de la Grotte Sarrazine dans le Jura, la discrète présence humaine relève de la même pensée et des dangers dévastateurs du tourisme.

Quand elle s’inspire de Breughel pour des jeux dans la neige, ce sont des barres d’immeuble qui ferment la composition et affirment l’artificialité d’un parc dans une grande ville.

Lorsque dans la série en cours des femmes voilées, elle les met en scène comme des vierges ou des saintes de peintures anciennes, son intention est de magnifier ces femmes souvent discriminées.

Sa dernière série en cours, sur des personnes qui cherchent à vivre en autarcie, montre leur habitat écologique mais aussi leur manière de vivre marginale et peut-être comme un modèle pour l’avenir ?

Ainsi, l’œuvre de Louise Bossut oscillant entre passé et présent, est empreint au fond de ses engagements écologiques et sociaux.

Anne Dary, juillet 2020